Samedi 7 mars 2009
Fichtre ! Encore du beau temps ce matin et ça fait trois jours que ça dure !
J’ai récupéré la veille un bon copain de Lucas. Les deux compères se sont endormis à minuit passé, papotant comme deux mamies dans la chambre !
Je leur prépare un bon petit déjeuner qui se passe dans la bonne humeur. Puis je les accompagne à un jardin d’enfants proche de la maison : ça ralouille un peu au départ mais ils sont ensuite tout contents de se défouler en extérieur.
Au bout de trente minutes, ils reviennent vrombir autour de moi pour me demander de rentrer : leur jeu Wii est devenu la chose la plus importante du monde à faire ! Nous rentrons et je finis par rejoindre un peu à contrecœur ma cuisine avec son petit tas de vaisselle à faire et le repas de midi à préparer.
C’est une matinée comme je les aime : tranquille et détendue. L’air est léger autour de moi, je sens presque la chaleur du soleil qui irradie mes murs, C’est comme un équilibre délicat, une sérénité que je suis incapable d’expliquer. Je continue ma vaisselle, vaguement satisfait de ce moment privilégié.
Puis je discerne quelque chose qui remonte petit à petit à la surface de ma conscience, comme un son particulier qui émergerait d’un brouhaha ambiant, quelque chose que vous n’arrivez pas encore à percevoir mais que votre oreille à décelé et que votre subconscient connait déjà. Mon attention commence à se fixer sur cette nouvelle perception, je ralentis mes gestes, je relève un peu la tête, curieux.
Je n’arrive pas de prime abord à le définir alors je repose ma vaisselle dans l’évier et je ne bouge plus. Ca y est, je ressens maintenant pleinement cette sensation de plénitude et je vais pouvoir trouver d’où elle vient.
Mon regard s’égare dehors et se pose sur mon petit jardin et sa vieille haie, sur les rayons du soleil qui jouent avec les branches du pin parasol sur le chemin. Il glisse sur ma moto garée dans l’allée, sur les ceps de vignes fraichement retaillés et le vieil olivier tout rabougri. Je respire longuement et des senteurs printanières se dévoilent. Mais ce n’est pas encore ça.
Puis j’écoute les enfants en train s’amuser dans le salon à coté : leurs cris stridents devant le jeu vidéo qu’ils utilisent, leurs explications embrouillées des règles, leurs onomatopées, le canapé qui gémit sous leurs bondissements et le crissement des pieds de la table basse bousculée par quatre petits pieds, leurs rires entiers qui occupent tout l’espace…
Stop ! C’est ça ! Oui, c’est ce son remarquable parmi d’autres qui m’a fait dresser l’oreille, qui m’a fait stopper toute activité depuis quelques secondes ; ce son qui m’arrive et se diffuse en moi comme une caresse douce et apaisante, ce son qui forme sur mes lèvres un sourire, qui me fait fermer les yeux pour mieux m’emporter, qui détend mes épaules et leur enlève un poids trop lourd, ce son clair qui vient de la pièce d’à coté.
Oui, je le reconnais, il vient de tellement loin, pourtant, du fond de ma jeunesse, il déborde ma peine insurmontable, il balaie d’un coup mes soucis et nettoie mes plaies, il efface mes tracas et mes soucis. Il est ma lumière.
Le rire des enfants.