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21 septembre 2007 5 21 /09 /septembre /2007 21:15

Aix en provence, plus tard en matinée...


  Nous prenons la route et nous avons rapidement quelques fous-rires sur la direction à prendre : Bord de mer ? Petit village de Provence ? Rester sur Aix ? N'importe où ? Nous finissons par choisir une direction : ce sera Cassis.

  Arrivés sur place, nous découvrons un petit coin de paradis : un marché qui nous embaume avec des odeurs mélangées de fruits, de légumes, de fleurs et de charcuterie, des boutiques à touristes que l'on visite quand même, des ruelles de village fleuries.

Au bord de la plage, nous nous asseyons contre un petit muret et goûtons la joie simple d'être ensemble. Puis nous déambulons longuement à la recherche d'un restaurant. Plusieurs nous attirent et nous discutons longuement sur le menu offert, sur le style de la terrasse, sur l'ambiance qui en ressort. Après un aller-retour sur les quais, nous nous décidons pour cette jolie terrasse près d'une fontaine ; Fred me fait découvrir un succulent gaspacho, puis nous continuons avec une tapenade et attaquons ensuite des moule-frites.

  L'ambiance, le repas font que nous vivons à cet instant un nouveau moment d'exception, nous sommes ensemble, à la fois différents et semblables, rien ne compte que cette satisfaction profonde, intense, libératrice de nous être rencontrés, de vivre une nouvelle vie, une nouvelle aventure, de savourer tout ce que l'autre peut nous apporter.

  Puis nous continuons notre ballade dans les magasins, Fred pousse des "Ah" de plaisir quand elle découvre un objet qui lui plait. Je découvre doucement que j'apprécie des styles proches de ceux qu'elle aime : les couleurs, les formes, les concepts, les produits sobres et vrais, avec de belles touches de couleur... Je ne jurais avant que par les vieux meubles en bois, les teintes beiges, les objets patinés par le temps et maintenant je découvre qu'une simple boite en métal très colorée avec des dessins naïfs et marquée "MES BONBONS CHIMIQUES !" me fait sourire et me donne envie de l'acheter pour apporter une touche de gaité et de couleur dans une maison.

  L'après-midi se passe ainsi, entre flânerie main dans la main, énormes glaces et repos sur des bancs publics à l'ombre des pins parasol. Je goute chaque regard que Fred me lance, chaque fois que sa main prend la mienne, chaque fois qu'elle m'embrasse, chaque fois que je sens son corps contre le mien.

  Nous rejoignons la voiture et reprenons notre route, parfaitement heureux de notre journée.

  Après une demi-heure, le portable de Fred commence à sonner, elle sait que c'est son mari et dit qu'elle n'a pas envie de décrocher. Il rappelle. Je vois Fred qui commence à devenir silencieuse, à se renfermer et je sens le stress qui monte en elle. A son troisième appel, Fred décroche quand même et met le haut-parleur : je découvre ainsi la voix de cet autre homme. Ses propos et son ton me laissent rapidement interrogatifs : pas une seule intonation au-dessus de l'autre, aucune émotion, de nombreux moments de silence, des questions très fermées qui ne laissent pas de place à la discussion, des propositions qui alternent le chaud et le froid. Je commence à comprendre le stress de Fred ; comment résister à cet interrogatoire en règle où l'on se sent perpétuellement en faute et sur la défensive ? Il sait faire naitre un grand sentiment de culpabilité chez Fred quand il parle de leur enfant, il sait distiller le doute quand il parle des dommages collatéraux créés par leur séparation.

  Mais pour la première fois, Fred réussit à garder le contrôle de ses émotions, je lui suggère au creux de l'oreille quelques réponses pour recadrer sur les sujets essentiels. Elle réussit à clore la conversation mais il rappelle encore deux fois avant de raccrocher une dernière fois.

  Fred à maintenant des sentiments mitigés entre contentement d'avoir gardé le contrôle et stress de ces arguties interminables. Elle me dit que cette fois-ci, elle doit lui dire franchement que c'est fini, qu'elle ne reviendra pas, que ce n'est plus tenable.

  Je l'écoute et j'essaie petit à petit de la dérider.

  - ... tiens, une bonne méthode, tu mets la musique à fond et tu hurles un bon coup ! Ou alors, tu cries de touts tes forces : allez tous vous faire foutre !
  Enfin, elle rit un peu !

  Le trajet prend fin. Je dois descendre une gare avant pour récupérer mon train. A la terrasse la plus proche, nous sommes maintenant un peu tristes de se quitter après cette journée hors du temps. Fred me dit qu'elle n'a jamais aimé quelqu'un comme moi, qu'elle veut faire sa vie avec moi. Et encore une fois, je m'émerveille d'avoir pris le cœur de cette surprenante et troublante beauté, moi le petit homme timide bien qu'elle ait pris le mien d'un seul de ses regards lumineux où se reflètent si bien toutes les couleurs de la vie.

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21 septembre 2007 5 21 /09 /septembre /2007 21:10

  Avec Fred, c'est devenu un gimmick. Avant de nous voir pour une formation ou une demi-journée volée sur notre travail, nous avons de longues discussions sur ce que nous ferons, les endroits à visiter, la façon dont nous voulons nous retrouver, nos envies de nouveaux jeux sexuels... Et puis à chaque fois, rien ne se passe comme prévu, toute notre belle organisation est bouleversée ; nous réinventons nos retrouvailles, nos désirs, nos choix, notre connaissance de l'autre.

  Le réveil à l'Etap-hôtel se fait plutôt joyeusement, nous sommes en forme et nous avons devant nous une longue journée de vacances.

  Mon portable sonne. Je ne reconnais pas le numéro et je décroche. C'est mon collègue de travail, il m'explique que le centre de formation l'a contacté car ma femme les a eu au téléphone ce matin et ils n'ont pas trop su quoi dire. Je le remercie et j'appelle de suite le centre. L'hôtesse d'accueil me répond. Elle nous connait bien, Fred et moi, et pose sur nous un regard complice. Sa voix est un peu stressée au téléphone et de suite, je suis en alerte.

  - Qu'est-ce qu'il y a ?
  - Ecoute, Zach, dit-elle de sa voix chantante, je suis désolé de t'ennuyer avec ça mais ta femme à téléphoné chez nous et elle a demandé à te parler. Alors, tu sais, on n'a pas le droit de dire exactement ce que font les gens chez nous et on a dit que l'on pouvait prendre un message. Mais au début, une collègue a quand même répondu que ta formation finissait hier soir. Mais quand j'ai entendu ça, j'ai pris l'appel et c'est moi qui lui ai dit qu'elle pouvait laisser un message et que tu étais peut-être sur un autre site...

  En entendant cela, mon coeur se glace. Ma femme ne doit pas savoir maintenant, c'est trop tôt pour elle, trop de choses ne sont pas réglées...
Je la remercie pour ce qu'elle a fait, je m'excuse de l'avoir mis dans une situation si compliquée. Elle comprend et me dit que ce n'est pas grave.

  J'explique ensuite à Fred la situation, elle est aussi ennuyée que moi : nous ne voulons pas que nos conjoints apprennent quoi que ce soit pour l'instant.

  Je sors de la chambre pour téléphoner. Ma femme me répond en pleurs, elle m'explique qu'elle a téléphoné à l'hôtel, qu'on lui a dit que j'étais parti la veille, puis que le centre de formation lui a dit la même chose mais qu'ensuite ils ont dit qu'elle pouvait laisser un message... Elle ne comprend pas, elle me demande ce qui se passe, si je suis toujours en formation. Je la laisse parler, puis, petit à petit, je reprend la conversation, j'explique que je suis aujourd'hui sur une autre formation pour la journée avec un autre établissement. La conversation est difficile, laborieuse, ma femme finit quand même par se calmer. Je la rassure encore un temps puis je raccroche.

  Je retourne voir Fred, elle est triste de cette complication, me rassure, me dit que je me suis bien débrouillé. Je met de longues minutes à me calmer et nous finissons, Fred et moi par prendre tranquillement notre petit déjeuner à la terrasse de l'hôtel.

  A travers cette alerte, je comprend mieux ce que j'ai laissé faire pendant tant d'années : j'ai bêtement laissé ma femme prendre aussi le rôle d'une mère puisque j'ai souvent eu un comprtement d'enfant. Tous ces appels matin et soir dans ma chambre, même si elle ne charche pas à me pister, ce sont des appels d'une mère à son enfant. Bien sur, les autres collègues recoivent aussi des appels de leurs conjoints, de leur faille mais ce n'est pas le même état d'esprit. Et ça change tout.

  Les exemples m'arrivent naturellement en tête : je ne sais même pas exactement combien je gagne et je laisse ma femme s'en occuper, je ne sais même pas exactement quel est le le montant mensuel de notre crédit immobilier.
  Je n'avais pas de portable car je n'aimais pas téléphoner, mais je n'aimais pas téléphoner car je ne savais pas qui appeler, je ne savais pas qui appeler car j'avais trop peur de faire de la peine à ma femme en ayant une amitié qui me ferait sortir de temps en temps du cercle familial.
  Je n'avais pas de carte bleue soi-disant pour économiser le cout annuel mais en réalité je ne voulais même pas m'acheter quelque chose sans son approbation pour éviter d'éventuels reproches (qu'elle n'aurait pas fait, peut-être).
  J'en étais quand même venu à quémander de temps en temps à ma femme un peu d'argent ; je demandais 50 euros et elle me répondait "pourquoi 50 ?", je devais ensuite négocier à 20 euros le prix de ma captivité volontaire et attendre plusieurs jours mon dû car elle me répondait invariablement "bon, je verrais quand j'aurais un peu de temps !"...

  Il me revient en tête une histoire que j'avais lu enfant; peut-être Bambi, ou dans ce genre.

  A la fin de l'hiver, un cerf amaigri par les privations sort du bois pour se repaitre des premières pousses. Un congénère le rejoint, son poil est brillant, il est en forme. Il dit au premier qu'il vit chez les hommes, qu'ils le nourissent bien, qu'il est heureux.
Le cerf sauvage demande alors quelle est cette petite trace autour de son cou qui à décoloré et aplati son pelage.
  Son congénère lui répond que c'est simplement la trace du collier que les hommes lui mettent.

  Voilà, je ne suis pas malheureux, j'aurais pu continuer ma vie avec une femme qui m'aime, qui est douce, gentille, responsable. Mais quelque chose ne va pas : pour elle, le vie de famille, c'est la famille et pas vraiment le couple et encore moins le "je". Et j'ai doucement laissé s'installer ce mode de vie où le "je" est absent et le couple pas assez présent. Un équilibre n'a pas été trouvé au cours de ces années et j'ai confondu la tranquilité et l'amour car j'avais peut-être besoin de ça à l'époque. Mais j'avais peut-être encore plus besoin que ma femme ne soit pas si maternante, qu'elle exprime plus ses envies de femme.

  Aujourd'hui, je m'aperçois qu'elle était dans son rôle et qu'elle ne devrait pas changer. Par contre, je n'étais pas dans le mien et c'est moi qui change.

  Je me suis menti à moi-même si longtemps qu' aujourd'hui je dois faire mourir celui que je n'étais pas, je dois faire mourir un amour qui ne reposait pas sur les bonnes bases.

  Voià. Mentir, c'est mourir un peu.

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20 septembre 2007 4 20 /09 /septembre /2007 11:23

Jeudi 20 septembre 2007 - 15 heures 30.
 
  Fin de formation.
  Fred et moi prenons en voiture.

  Nous partons vers Aix en Provence, une envie de sud, d'autres paysages, de liberté nous poussent sur la route. D'accord, ce sont 391,57 km à s'enfiler selon Mappy mais rien n'est grave : bonne voiture, bonne route, bonne musique, bonnes vibrations... C'est parti.
  A Bordeaux, nos conjoints nous croient encore en formation jusqu'à vendredi mais nous, nous avons notre journée de vacances. Ce mensonge ne nous gène pas : Fred et moi avons besoin de nous retrouver, de vivre une journée comme n'importe quel couple ;  les derniers événements nous ont plutôt bousculés dans notre relation, ont mis à mal notre moral et nous devons maintenant recréer cette bulle qui nous entoure, nous protège et cache encore aux yeux des autres notre amour. 

  Tout le long du voyage, nous discutons de tout et de rien, parfois le passager s'endort et le conducteur se retrouve à savourer ce moment d'abandon de l'autre.
  Nous finissons par arriver en ville et une fois la voiture garée, nous commençons à déambuler dans les rues pendant que les dernières lueurs du jour cèdent devant la douceur de l'obscurité qui s'installe.

  Quel bonheur ! Nous sommes comme un jeune couple d'amoureux, nous nous tenons par la main, sans craindre de rencontrer un visage connu. Alors nous marchons, nous parlons, nous découvrons la ville, nous passons parfois deux ou trois fois par les mêmes petites rues. Nous sommes maintenant détendus et nous cherchons un endroit où diner. Comme toujours, Fred me propose quelque chose de nouveau ; elle s'arrête devant un restaurant arménien, se retourne vers moi et me dit, radieuse : "Oh, un arménien ! Ca te dit, mon ange ?". Je souris un peu en répondant que oui.

  Je me sens parfois un peu pataud à tout le temps suivre ses envies, j'ai souvent peur qu'elle me prenne pour quelqu'un d'indécis. C'est vrai que j'ai perdu cette habitude mentale de la curiosité, j'ai pourtant les mêmes plaisirs de la découverte qu'elle mais mes sens sont émoussés alors elle voit bien avant moi ce qui pourrait nous intéresser.

 Je me dis que j'aime cette joie chez elle de partir à la rencontre de nouveautés, sans excès mais sans réserve. Le monde est pour elle une opportunité, la vie est une chance.
  J'aimerais parfois arriver à ce niveau de légèreté toute simple mais je suis encore très loin du compte, je pense que certaines personnes sont plus aptes au bonheur que d'autres ; moi, je fais partie des autres mais j'ai trouvé dans ma relation avec Fred quelque chose qui me fait progresser : l'envie. Une envie de vivre ma vie, de mieux la vivre, de mieux l'accepter telle qu'elle est, de profiter de petits bonheurs du quotidien. C'est tout simple mais c'est très compliqué, il faut lutter contre le poids écrasant du passé, comprendre, accepter, reconstruire, faire des choix...

  Alors pour l'instant je sors de mes réflexions et j'accepte cette belle soirée avec la femme que j'aime et nous mangeons un délicieux plat arménien pendant que la nuit nous enveloppe, que les conversations et les rires des autres couples ou familles attablés nous entourent et que le discret ballet des serveurs rythme notre repas.

  La fin du repas arrive, nous nous baladons encore quelques minutes en ville avant de rejoindre le petit Etap-hôtel trouvé plus tôt dans l'après-midi. La chambre est minuscule, un petit lit double avec au-dessus un lit simple, quelques mètres carrés de repos.

  L'envie nous prend vite de faire l'amour, mais parfois le mauvais sort nous joue des tours. Nous sommes dans notre première étreinte quand j'ai le malheur de vouloir me relever un peu,
ma tête cogne contre le sommier du dessus
, je grogne pour la forme, ce qui commence à faire rire Fred, du coup, je me met aussi à rire.
  Puis nous continuons de faire l'amour, plus fort, plus vite ; mais d'un coup,
Fred disparait sous moi en poussant un grand cri
: notre lit est si petit et nous sommes tellement physiques qu'elle est tombé du lit ! Cette fois-ci c'est un fou-rire qui nous prend et qui dure quelques minutes.
  Une fois calmés, nous continuons de faire l'amour, plus excités encore par tous ces incidents. Fred joue avec ma patience, elle me freine parfois, se dérobe à moitié, me résiste. A un moment, elle me sort d'elle alors je me plaque encore plus fort contre son corps et la pénètre d'un coup de reins...
et je pousse un cri de douleur
! Dans mon envie de la reprendre, mon sexe  frotte d'abord trop fort le drap qui m'arrache  à moitié le frein du gland.
  Mais l'excitation est trop forte, je la pénètre quand même, nous continuons de nous chercher, de nous exciter, de nous dominer mutuellement et nous finissons par jouir ensemble. Fred me demande si ça va, je regarde mon sexe et effectivement, mon frein saigne ! Pas beaucoup, mais un peu quand même. C'est assez douloureux mais je finis quand même par m'endormir à ses cotés...

Cette escapade commencait comme une romance et elle finit comme une comédia del' arte ! Que nous réserve demain ?
 

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18 septembre 2007 2 18 /09 /septembre /2007 21:38

Toulouse - Mardi soir 18 septembre 2007

  Nous sommes dans notre chambre d'hôtel ; neutre, propre, un grand lit, une petite table ronde, un fauteuil et un canapé anguleux, une longue planche de bois contre un mur qui sert de bureau avec une grosse télé posée en bout.
  En arrivant à l'hôtel, nous avions d'abord décidé de nous installer tranquillement puis de diner. En revenant vers notre chambre, nous sentions de nouveau monter notre désir commun.
  Nous rentrons. Fred se retourne brusquement, se colle si fort contre moi que j'en suis presque déséquilibré. Sa bouche heurte la mienne, sa langue cherche la mienne et je sens son bas-ventre se plaquer contre le mien. Toujours enlacés, nous nous dirigeons vers le lit en enlevant nos vêtements. Elle est évidemment nue avant moi, je parcours son corps, je m'attarde d'abord sur ses seins fermes puis sur sa gorge que j'aime sentir sous mes mains.

  Elle s'assoit au bord du lit et porte déjà mon sexe dans sa bouche, je sens aller et venir ses lèvres humides autour. Elle s'arrête parfois pour reprendre son souffle et passe alors sa langue à la base de mon membre, elle prend ensuite chacune de mes bourses dans sa bouche et exerce une légère succion qui me donne presque envie de jouir.
  Je laisse passer quelques secondes puis mon envie est trop forte, je la couche sur le dos, une main plaquée sur sa poitrine et je rentre en elle. Pendant quelques minutes, je bouge en elle en la regardant, je la vois parfois que ferme les yeux en souriant, puis elle les rouvre et cherche mon regard. Elle commence ensuite à vouloir bouger, j'essaie de la plaquer plus fort mais elle se dégage en force et se retourne de trois-quarts sur le ventre, son genou droit remonté, ses bras au-dessus de sa tête. Je pénètre de nouveau en elle, je caresse avec envie ses fesses, puis au bout de quelques minutes, mon rythme s'accélère et ma main claque plusieurs fois pendant que Fred gémit.
  Je ralentis, je sors d'elle et la remet sur le dos. Mon sexe monte jusqu'à son visage, mes jambes sont posées sur ses avant-bras pour la plaquer, je rentre dans sa bouche. A chaque fois que je pousse trop loin mon sexe dans sa gorge, elle me mord sans ménagement et je grogne de douleur.

  Fred est essoufflée, elle me dit : "Fais-le, fais-le devant moi !". J'hésite mais je m'exécute. Ce que je fais me semble le comble du dénuement et de l'abandon ; seule la confiance totale que j'ai en Fred me permet de prendre mon sexe dans ma main et de commencer à me masturber devant son visage. Parfois sa langue s'attarde à la base de mon sexe ou sa bouche embrasse mes boules.
  Je lui dis ce que je veux aussi alors elle avance encore plus vers le bord du lit, sa tête rejetée en arrière. Je me mets à genoux devant son visage et je rentre de nouveau dans sa bouche, d'abord à petits coups, puis parfois je m'arrête et je cherche à enfoncer tout mon sexe en elle, je sens ses soubresauts quand j'atteins sa gorge et je me retire en attendant quelques secondes puis je recommence.

  - reviens sur les genoux, montre-moi tes fesse et mets tes mains dans le dos, lui dis-je.

  Alors, elle s'exécute, m'offre sa croupe, je ne cherche pas à la sodomiser, ce n'est pas notre envie du moment, mon sexe pénètre encore le sien, je vais en elle régulièrement mais doucement, je cherche le rythme qui lui plait, je suis attentif au moindre de ses frémissements. Puis je prends la longue ceinture de son manteau posé par terre à coté de nous, je croise ses poignets et fait d'abord un tour de ceinture dans le sens vertical puis un tour dans le sens horizontal : impossible pour elle maintenant de se dégager. J'accélère maintenant mon rythme, d'une main je tiens fermement la ceinture et tire un peu dessus pour rmonter encore plus ses bras dans le dos. Je continue toujours plus fort en elle, je sais que je peux jouir dans une minute ou deux, j'entends maintenant les cris de plaisir de Fred, je passe finalement le reste de la ceinture autour de son cou, je fais un tour et je serre un peu. A chacun de mes coups de reins, la ceinture rentre un peu plus dans ses chairs. Fred est maintenant complètement contrainte, les mains attachées dans le dos et la ceinture tendue qui tire plus fort sur son cou. Encore quelques secondes et je jouis en elle, Fred m'a déjà précédé de quelques instants. L'intensité est telle que des points lumineux papillonnent devant mes yeux. Je relâche la ceinture puis je détache Fred. Nous restons longuement collés l'un à l'autre, nos corps et nos esprits rassasiés, apaisés.

Puis nous nous endormons.

Dans la nuit, nous nous réveillons et refaisons l'amour.

Puis de nouveau au réveil. Au moment où mon sexe touche le sien, je peux senti son désir perler et je rentre au fond d'elle en une seule et légère poussée.

Nous passerons aussi la nuit suivante à assouvir nos envies et les deux jours de formation fileront comme l'éclair ; puis, le jeudi soir, nous quitterons le centre de formation pour notre première véritable journée de vacances. Nous ne saurons pas où aller, mais nous serons tous les deux et cela suffira à notre bonheur.


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18 septembre 2007 2 18 /09 /septembre /2007 11:33

Mardi 18 septembre après-midi

  Nous roulons depuis une heure sous un soleil radieux. Un paysage que nous commençons à bien connaître défile sous nos yeux : les plaines aux vignobles alignés, la curieuse colline de roches rouges que nous appelons l'homme couché tant sa silhouette découpée sur le bleu du ciel nous y fait penser, les stations service de l'autoroute aux décorations particulières comme un mini-phare ou une tortue géante...
  Nous nous sentons comme un jeune couple qui part pour la première fois en vacances : insouciants et excités à la fois. Comme d'habitude, nous sommes partis la veille, c'est-à-dire le mardi après-midi pour deux jours de formation sur Toulouse. J'ai fait encore une fois semblant de partir en train puis je me suis arrêté à la première station pour rejoindre Fred qui m'attendait avec sa voiture. Notre volonté de nous retrouver après le stress de ces derniers temps nous a aussi fait prendre aussi le vendredi en jour de congé, j'ai simplement dit à ma femme que ma formation durerait jusqu'à ce jour-là et Fred en a fait autant pour faire garder son enfant.

  Pendant que nous roulons, notre conversation commence à prendre une tournure franchement sexuelle ; nous avons un stress à évacuer et ça commence par des mots.

  - ... Alors, ce serait quoi ? Dis-moi ! me demande Fred quand je lui dis que j'ai plein de nouvelles envies en tête. J'hésite quand même à m'exprimer. Bien qu'elle m'ait fait découvrir que je pouvais avec elle assouvir mes envies de domination sexuelle sans violence, de manière parfaitement consentie et même que je pouvais aussi me laisser dominer par elle, me laisser aller, j'ai encore un peu peur que mes fantasmes l'inquiète.
  - Alors ? Tu voudrais faire quoi ? Elle me regarde en coin, son fameux sourire canaille qui sait si bien me chercher. Je suis encore plus en érection en voyant ça. Je sais qu'à ce moment, elle en a envie autant que moi.
  - Oh, ce n’est pas très compliqué. Juste une pose que j'aime bien. Tu es au milieu de la pièce, à genoux, les mains dans le dos, et je viens dans ta bouche. Ce n'est pas toi qui bouge, juste mon sexe qui bouge dans ta bouche.
  - Intéressant. Quoi d'autre ? Là encore, j'hésite. Ce fantasme vient de mon passé, il m'excitait lui aussi par le sentiment de domination qu'il me procurait.
  - On a déjà fait ça quand tu es sur les genoux, penchée en avant, les mains liées dans le dos. Mais il y a une variante... plus... radicale... que j'avais fait il y a très, très longtemps...
  - Raconte. Je regarde Fred et je la trouve encore plus excitée à l'idée de jouer avec mes limites.
  - Avec une corde plus longue, toujours les mains attachées dans le dos. Mais tu fais remonter le reste de la corde autour du cou et tu fais un nœud coulant. A chaque fois que tu veux bouger les mains, tu tires sur la corde ce qui fait que tu serres toi même le nœud autour de ton cou. Pas la peine de te dire que j'ai appris ça à l'armée...

  Fred réfléchit quelques secondes :
  - Bon, pourquoi pas ? Ça m'excite. Mais avant, mois aussi, il y a quelque chose que j'aime. C'est quand tu es derrière moi et que j'ai les fesses en l'air, offertes ; tu mets ta main sur mon dos, entre mes omoplates et tu me plaques contre le lit et avec ton autre main tu sais ce que tu peux faire...

  Effectivement, je sais ce que je peux faire. Je me souviens de notre formation de juillet et de la sensation de puissance qui m'avait envahi la 1ere fois où ma main à claqué ses fesses en leur laissant une première rougeur. J'avais encore du mal à contrôler ma violence à cette période ; souvent, des gestes me revenaient automatiquement : plaquer mes mains sur elle pour l'empêcher de bouger, serrer dans une main sa nuque ou son cou, mais souvent, c'était ma main qui se posait sur son visage pour forcer sa tête à se tourner sur le coté, m'offrant ainsi une joue pendant que je luttais pour que cette même main ne frappe pas, ne gifle pas.

Fred sentait que je me retenais, souriait, me demandait si j'en avais envie, je répondais que je ne savais pas, elle ne me croyait pas, je répondais encore que je ne savais pas.
  A cette dernière réponse, elle avait dégagé de force sa tête de ma main, jeté sa bouche sur la mienne, cherché ma langue et planté ses dents. La douleur fut immédiate, ma réaction aussi. Ma main s'était levée, avait filé comme l'éclair mais s'était arrêtée juste devant son visage. Elle avait déjà fermé les yeux et caché son visage derrière ses mains. Je les avais enlevés doucement en la regardant.
  - Fais-moi juste confiance, je vais me contrôler. Elle m'avait regardé, à la fois ravie et effrayée d'avoir fait ressurgir de sombres automatismes.
  - S'il te plaît. Tu as confiance ? Je vais me contrôler, je ne vais pas te frapper. Enlève tes mains et ferme les yeux. Elle avait hésité quelques secondes puis obéît.
  J'avais posé ma main sur son regard pour l'empêcher de voir, elle était toujours couchée sur le dos ses jambes autour e moi, j'étais toujours en elle, à genoux, les pieds repliés sous mes fesses.
  J'avais passé doucement puis retiré mon autre main sur sa joue , elle avait cru que j'allais la gifler et s'était crispé, je sentais autour de mon sexe le sien qui se resserrait instinctivement. Ma main passait ensuite sur ses seins, venait sur ses cuisses, les écartait doucement, s'attardait longuement sur la peau fine et délicate de leur face interne. A chaque fois que ma main quittait sa peau, Fred avait un petit sursaut de recul, croyant qu'une claque allait partir sur sa joue, ses seins, ses cuisses ; mais elle restait pourtant offerte et ouverte à moi malgré sa peur, parce que je lui avais demandé d'avoir confiance. Je voyais ses jambes trembler légèrement.
  - Tu as peur ? Lui demandais-je.
  - J'ai un peu peur, m'avait-elle répondu avec un léger tremblement de voix.

C'est en entendant cette réponse que j'avais compris le cadeau que me faisait Fred : elle me faisait confiance, elle avait confiance en moi, dans ma capacité à apprivoiser ma colère, ma violence ; à les utiliser, les transformer en énergie positive. Je m'étais alors senti envahi d'une lourde responsabilité, comme si elle avait déposé au creux de mes mains ce sentiment complexe, délicat et si fragile qu'était son amour. J'en étais maintenant dépositaire et c'était une grande et belle responsabilité. Je n'avais plus envie d'être violent et dominateur pour soumettre et me sentir fort, je voulais juste faire l'amour avec elle , aller au plus loin de nos fantasmes, sentir le moment ou l'autre n'en pourrait plus et s'arrêter pour mieux repartir vers d'autres expériences...

  Je sors de ce souvenir, je suis toujours sur la route. Un autre fantasme m'arrive en tête. Fred hausse un sourcil et me dit non une première fois. Je lui promets que je ferais attention, que j'en ai vraiment envie. Alors elle me regarde en souriant, passe sa main sur mon sexe tendu, ouvre mon pantalon et me caresse. Du coin de l'œil, je vois son visage se baisser doucement, je sens son souffle qui se rapproche puis mon sexe qui rentre dans sa bouche. J'aime la chaleur qu'y s'en dégage, je sens sa langue qui tourne sur mon gland, ses lèvres qui vont et viennent, ses dents que ripent parfois sur ma peau, sa salive qui se mélange ; elle aime me prendre ainsi, sentir  mon trouble, savoir qu'elle a le contrôle de mon plaisir .
  Je reste quand même concentré sur ma conduite tout en profitant de ce moment follement érotique. Elle joue encore avec mon sexe puis se relève. Alors, assise sur son siège, elle commence à écarter ses cuisses, sa main part et ses doigts caressent les lèvres de son sexe. Bientôt, je vois son majeur glisser à l'intérieur de son sexe. Je tends aussi la main, je sens la chaleur qui irradie de son intimité, le bout de mes doigts récupèrent le plaisir qui se dégage d'elle.

  Puis nous retrouvons notre calme petit à petit ; nous goûtons maintenant le silence et la paix qui s'est installé dans la voiture et nous savons que ce soir, nous allons nous retrouver pour un nouveau combat, que nos corps serons nos armes, nos fantasmes seront nos batailles et que la jouissance de l'autre sera notre victoire.

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18 septembre 2007 2 18 /09 /septembre /2007 09:49

Vendredi 14 septembre 2007 :
  Quelques appels à Fred: nos discussions se stabilisent, nous retrouvons de la sérénité.
  J'ai aussi un appel d'un vieil ami qui travaille depuis quelques mois dans un service voisin du sien, il lance quelques blagues concernant Fred e moi ; je pense qu'il a des doutes...
  Je vois mon médecin, il me prescrit antidépresseur et anxiolytique.

Samedi 15 septembre 2007 :
  Une journée presque tranquille.

  Le matin, ma femme part se balader et je sors avec mon fils et son petit cousin jouer au foot à la campagne, puis je les aide à construire une petite cabane dans les bois proches. Je pense que c'est une des premières fois où je ne me sens pas pressé, dans l'urgence, que mon esprit n'est pas inquiet du temps présent et ne cherche pas une fuite en avant perpétuelle. Est-ce que je commencerais à trouver un peu le repos de l'âme ?

  Puis nous allons déjeuner en bord de mer. Au bout d'une heure, je pars rejoindre mon vieil ami qui m'avait invité. Nous discutons de nos situations respectives. Il a divorcé il y a un an et est maintenant remarié. Il me raconte son parcours entre coup de blues, engueulades et psychothérapie.
  Puis, comme j'en avais eu l'intuition, il me demande si j'ai une liaison avec Fred. Je l'aime bien mais je le connais bien aussi : il adore utiliser la moindre information pour mettre de l'agitation dans son petit réseau d'individus et ainsi se positionner comme celui qui possède le savoir. Car c'est bien connu, celui qui a le savoir a le pouvoir.
  Je joue donc l'innocent et dément. J'explique simplement que nous nous entendons particulièrement bien et qu'il n'y aurait pas de rumeurs si Fred avait été moins belle ; seuls les jaloux peuvent avoir ce genre d'idée. Il me dit en tout cas de me méfier de certains de nos collègues respectifs. J'acquiesce en lui répondant qu'il y a effectivement des cons partout.

  Puis je le quitte et rejoint Fred. Elle est triste, m'explique qu'elle est confuse dans ses sentiments envers son mari. Nous faisons l'amour puis discutons. Elle me répete ses doutes quand à ses sentiments mais me dit aussi qu'elle n'en a pas envers moi. Elle souhaite aussi rencontrer un psy pour faire le point, savoir pourquoi ses grandes histoires d'amour n'ont toujours duré que 3 ans, par exemple.
  Ses paroles m'inquiètent parfois mais je préfère entendre la vérité nue pour mieux me préparer à l'avenir. Mieux vaut cette lumière crue de choses dites que cette obscurité du non-dit. Cette nouveau pour moi d'accepter d'entendre la vérité des autres.

 

Dimanche 16 septembre 2007 :
  Je trouve un moment pour téléphoner à Fred qui me répond qu'elle se sent mieux. L'après-midi, je prétexte un footing pour la retrouver. Nous faisons longuement l'amour, je me trouve étonnamment inépuisable...

  Nous prenons ensuite notre bain ensemble, elle me dit qu'elle est accro au sexe avec moi, qu'elle rien jouit rien que je la pénètre. Je ressens cette phrase pourtant flatteuse comme une alerte, je ne veux pas être aimé que pour ça mais heureusement elle me dit aussi qu'elle ne veut pas être avec moi que pour ça, que toutes les facettes de moi l'intéresse : le mari, l'amant, l'ami, l'homme.
  Mais de nouveau je m'inquiète un peu quand elle me dit qu'elle veut être sure qu'elle ne m'aime pas que pour le sexe.

 

Mardi 18 septembre 2007 :

  J'ai Fred au téléphone, elle ne va pas bien. Elle a eu son mari en ligne, il était distant, il lui a dit que lui aussi devait profiter de la vie ; du coup, ce retournement de situation la trouble encore, elle se sent bizarrement trahie et ce nouveau sentiment la gène, je la sens extrêmement triste et seule au téléphone.
  Le soir, je réussis à l'appeler, elle est encore très triste mais je luis dis que je dois aller raconter une histoire à mon fils et que je dois la laisser.
  Mais juste avant de retrouver mon enfant, je la rappelle en lui disant que je vais laisser mon portable ouvert pendant que je raconte une histoire, comme ça elle sera un peu moins seule quelques instants. Alors je lis quelques chapitres de Géronimo Stilton, inventant une voix différente pour chaque personnage, réalisant tous les bruitages des situations avec moult onomatopées. Mon fils s'endort, je demande à Fred comment elle va et me répond veaucoup mieux, qu'elle se sent moins seule et me remercie...


  Plus tard, dans la soirée, nous échangeons discrètement quelques SMS, elle me confirme aller mieux, je suis un peu rassuré même si je suis aussi bien triste de ne pouvoir faire plus.

  Ainsi va la vie... 
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15 septembre 2007 6 15 /09 /septembre /2007 15:52

Nulle part - 1983

 


 

cette page est librement inspirée du livre de Jean d'Ormesson
"l'histoire du juif errant"
 tiré du chapitre
 "Essai de reconstitution stochastique d'un monologue intérieur d'Isaac LAQUEDEM"

 


 


Je vis je cours je marche Je respire Je pense Je fuis Je suis Un pas et puis un autre Je baise Je pense Je contrôle Keep control ne rien dire marcher marche ou crève tu vas crever je crie mon regard sur lui je vise je tire je lutte I fuck I screw No mercy J'avance Je pense Je résiste je pleure je tombe regarder se souvenir penser pourquoi Se relever Etre en rage rage folle tuer être tué Contrôler Drakkar ils sont morts je suis mort aller vers eux aller plus loin Kabalaa Les Pins chaleur et bruit avancer penser sable son regard mon innocence pourquoi être aimé avoir de l'amour se sentir aimé penser à l'amour ne pas en avoir Etre en manque je pense je baise je frappe je marche pour oublier je marche parce que je cherche Je regarde je veux voir Je veux qu'elle me donne Me donner Mon manque Je veux avoir Je pense je me souviens je dois me souvenir Bonjour Que c’est bon Je pense Je veux Je veux I fuck je baise je contrôle je le veux J'en ai besoin respirer sentir Avoir envie je veux Il faut Je regarde Hello je veux j'avance comprendre Alors je cours J'obeis aux ordres Je ne pense plus j'oublie I fuck her je bois je fume j'oublie je fais semblant Marcher dans le sable Pieds nus ou rangers Même sable Je voulais juste de l’amour Je voulais juste être dans des bras Zum andeken an Haine incroyable haine incroyable aime je hais les autres j'aime les autres je suis seul je suis solo marche ou creve poor men je veux I think qu'on m'aime je marche sinon je tombe je vis je…

… Je … Je me souviens… Je me souviens petit je me souviens la peur la solitude tout seul dans le grand appartement en attendant que mes parents rentretn à la maison, le manque d’amour la peur la solitude l’angoisse l’armoire-refuge l’armoire-noire l’armoire-cache l’armoire pour ne plus me voir l’armoire de mes parents leurs vêtements leur odeur l’attente les attendre tout seul tout seul dans le noir… la douleur la douleur  la douleur d’être seul… ne…

… ne plus être seul marcher avancer I fuck Je cogne j’ai trop à sortir j’ai mal je tourne en rond Je ne sais plus ou je vais Hello feel good Autriche blonde I fuck je veux son regard Je cherche son regard Quoi quoi dans son regard Je cherche Quoi Qu'est-ce que tu veux Ne me cherche pas Regardez-moi J'existe Pitié Trouver la paix sur cette plage sentir le sable je regarde encore Je ne trouve pas Je pars Je cours Je cours plus vite plus loin Ne plus penser avancer marcher trouver avancer trouver les réponses avoir posséder trouver avoir mes réponses trop de haine beaucoup trop pour moi Pourquoi si lourd Pourquoi moi je cherche chez les autres Hi girl  Elkir-ras Labes mes frères  Ou êtes-vous Plus de famille Plus de frères Perdu Ne pas avoir Ne plus avoir Avoir perdu…

… Avoir perdu ce merveilleux jour de juin, où, adossé à un platane, je rèvassais dans la cour de mon école, j’avais douze ans et au loin, l’air s’est mis à scintiller légèrement, j’ai regardé plus attentivement, et pendant une fraction de seconde, j’ai vu, j’ai vu la beauté du monde, comme si d’un coup, le voile tenu du quotidien disparaissait et me laissait entrevoir les couleurs de la création, je pouvais voir les mouvements lents de l’air emporter doucement d’infimes particules de poussière dans sa traine, j’entendais la sève des bois pousser et faire craquer les écorces, j’ai mis la paume de ma main contre le bitume de la cour, j’ai senti les vibrations de la terre, j’en faisais presque partie, tout était d’une netteté si intense, si irréelle, mon corps et mon esprit se sont mis à l'unisson de cet univers parfait, j'en faisais partie, j'étais dans cette unité, cette perfection, j'ai senti la chaleur du printemps et sa vigueur pénétrer mon corps … j’ai mis plusieurs minutes à retrouver mes esprits, j’étais rempli de bonheur, j’avais la vie devant moi, j'étais en paix pour la première fois de ma vie… Dans un dernier sursaut d'énergie, mon innocence d’enfant m’avait donné cet ultime et unique jouissance avant de disparaître à jamais,

 

Je… Je me souviens…

 

Ne m'abandonne pas…

 

Ma vie…

 

Je me souviens… oui… Je me souviens

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14 septembre 2007 5 14 /09 /septembre /2007 09:30

Désert tchadien - 17h00

  Un pied s'enfonce dans le sable et comme un caillou jeté dans l'eau, fait éclabousser une myriade de grains dont une partie retombe sur ma pataugas et glisse ensuite en cascade entre chaque pli. Mais bien vite, le sable cède la place à un terrain rocailleux et je dois de nouveau faire attention à ne pas m'éclater une cheville.

  Yvon et moi avons laissé les véhicules depuis 20 minutes pour grimper une petite colline, tandis qu'un autre binôme attaque par le flanc est. Du haut, nous devrions avoir une vue dégagée sur l'azimut de notre objectif, ce pourrait être un bon point de regroupement ou de repérage pour nos troupes. Nous sommes à quelques minutes du haut de la colline quand nous commençons à entendre un échange radio :

  - Noir 3 à Autorité.
  C'est l'autre binôme qui appelle Vita qui est resté aux véhicules.
  - Ici Autorité, parlez.
  - Je repère une mechta à 500 mètres environ au nord-ouest de ma position. Noir 2 devrait l'avoir en visu plein nord depuis leur position.

  Noir 2, c'est nous. Vita va nous demander ou nous sommes alors avec Yvon on force le pas, on se met presque à courir au milieu de la caillasse.
  - Autorité à Noir 2.
  - Ici Noir 2 à l'écoute.
  - Vous avez entendu, Noir 2 ?
  - Ici Noir 2. Affirmatif. Nous sommes en position dans une minute…
  - MAGNEZ-VOUS LE CUL, NOIR2 !
  Quel sale con. Il n'a qu'à grimper avec nous.
  - Ici noir2. Affirmatif.
  - Noir 2 à Autorité.
  - Ici Autorité, parlez.
  - Je compte un véhicule Toyota garé derrière le bâtiment. Pas d'identification possible pour l'instant. Quelques secondes de silence...
  - Autorité pour Noir 2, bien reçu. Restez sur place pour l'instant.

 Aïe. Il va réfléchir. Avec son mini-cerveau, on risque d'en avoir pour un moment. Mais je me trompe car quelques secondes après, j'entends Autorité demander au binôme Noir3 d'approcher pour une reconnaissance.

  Encore une fois, Vita se plante ; l'autre binôme approche complètement à découvert et en aveugle : qui nous dit qu'il n'y a pas un transport blindé planqué avec le Toyot' ? Et on fait quoi, avec notre Milan laissé dans les véhicules s'ils se font repérer ?

  A 5 mètres sur ma droite, je vois du coin de l'œil Yvon enlever le chargeur de son Famas et le remplacer par un PCL puis mettre une grenade à manchon en bout de canon. Puisqu'il se place en grenadier, je sors donc pour moi un deuxième chargeur de 30 cartouches et le pose délicatement à mes cotés. Notre binôme est maintenant opérationnel.

  Je vois Noir 3 progresser, il quitte la rocaille de la dune protectrice et avance sur le plat, lentement, le dos courbé, l'arme pointé.
  Leur situation est maintenant complètement à découvert. Je reprends mes jumelles et écarquille les yeux pour repérer le moindre mouvement à l'intérieur ou une ombre qui se dessinerait à l'angle du bâtiment.
  - Noir 2 pour Noir 3, couchez-vous ! ne bougez plus !
  Je viens de voir dans l'embrasement de la porte la silhouette d'un soldat GUNT se profiler. Il s'étire et baille. J'en déduis que l'équipage du Toyot' vient de finir une sieste et qu'ils vont reprendre la route pour rentrer car ils osnt étonnamment loins de leurs bases. Je regarde Noir3. Ils sont couchés et ne bougent plus, à 100 mètres à peine de la mechta. Ils sont au milieu d'une sorte de cuvette et avec un peu de chance, invisibles depuis le bâtiment.
  - Noir 2 pour Noir3. ne bougez plus, vous êtes dans un creux de terrain et les GUNT ne vous voient pas. Ne bougez surtout pas.
  - Noir 2 pour autorité.
  - Ici Autorité, faites un rapport.
  - 
Un GUNT sort. Non, deux maintenant… trois… J'attends quelques secondes avant de reprendre la parole.
  - Ils sont au complet, visiblement. Ils discutent devant le bâtiment et vont certainement rejoindre leur véhicule et partir. Je viens de repérer la trace des pneus qui devait venir du nord-ouest. Ils ne vont pas voir Noir 3 s'ils repartent dans la même direction. J'informe Autorité.
  - Autorité pour Noir 2. Personne ne sait dans quelle direction ils vont partir !
  - 
Noir 2 pour autorité. Ils sont trop loin de leurs lignes et la nuit tombe dans deux heures. Ils font forcément demi-tour.
  - 
Autorité pour Noir 2, je vous donne l'ordre d'ouvrir le feu sur l'ennemi, le risque est trop important pour Noir 3.
  - R
épétez, Autorité. Je suis incrédule, notre mission de reco' se transforme en champ de tir, notre survie est compromise si par malheur nous sommes repérés !

  - 
Autorité pour Noir 2 : ordre de tir sur l'équipage ennemi. Confirmez.
  - 
Noir 2 à autorité : je confirme.
  - A
utorité à noir 3 : Après le premier feu, vous ouvrez le feu en couverture.
  - Noir3 à autorité : affirmatif. Le sens de la hiérarchie prend le dessus. Je jette un œil à Yvon et je vois ses lèvres remuer : "c'est un con !". Puis il me pointe du doigt pour me dire qu'il est prêt et qu'il attend mon feu.
  - Autorité pour Noir 3 et Noir 2 : pas de tir ni grenades sur les véhicules. Nous devons essayer de récupérer des cartes ou des infos.
  J'entends Yvon étouffer un "merde" et je le vois enlever à toute vitesse sa grenade à manchon de son fusil et remettre un chargeur plein.
  J'estime la distance entre le groupe et le 1er type. Je choisis mon point de premier tir puis mon deuxième. Je m'aperçois d'un coup que ma langue a gonflé dans ma bouche, pour me calmer, je respire un grand coup et me concentre sur les trois silhouettes qui se rapprochent lentement de leur véhicule.
  Je passe mon doigt dans le pontet et pousse la sureté de sélecteur de tir. A la moitié de ma deuxième expiration, je descends ma ligne de mire jusqu'à la poitrine de la 1ere cible. Elle porte une veste léopard et son AK-74 est dans sa main gauche. Il parle aux autres avec des gestes de la main droite.

  J'appuie doucement sur la détente.
 
  CRAAA-AC ! Énorme aboiement de mon arme, en même temps, un sifflement s'installe dans mes oreilles. A peine le temps de voir ma cible touchée que je vise la deuxième. Elle est comme figée de surprise, son dos s'est juste vouté comme si elle s'attendait à recevoir un coup sur la tête. Attitude instinctive de protection… Elle regarde son équipier à terre. Je vise. Je tire. La troisième cible fait demi-tour vers la maison mais une rafale courte d'Yvon la fait trébucher à l'entrée.

  - Noir 2 pour Noir3. 3 cibles à terre. Vous pouvez avancez. Nous restons en couverture. Confirmez, Noir3.
  - Noir 3 pour Noir 2, je confirme. Nous avançons et vous nous couvrez.

  Je vois le binôme avancer par course alternée vers la mechta : quand le premier avance de quelques mètres, le deuxième assure sa protection et après ils inversent. A l'entrée de la mechta, ils dégoupillent une grenade of' qui fera plus de bruit que de mal. Ils la jettent par une fenêtre. Un bang métallique éclate. De la poussière et du sable sont soulevés par la détonation. Noir 3 s'engouffre à l'intérieur. Tout est fini. Je viens de tuer pour la 1ere fois. Mon dieu, et quoi d'autre, maintenant ?

  - 
Noir 3 pour Noir2, bâtiment sécurisé.
  - Noir 2 pour noir3, on arrive.
  Je dégringole la colline à toute vitesse. Même si le périmètre est sécurisé, nous devons maintenant nous dépêcher : personne ne sait si nous avons été repérés ! Le temps est maintenant notre nouvel ennemi.
  Par le Sony, Vita nous prévient qu'il arrive avec les véhicules.
  Je rentre dans la mechta... Alors que mes yeux s'habituent à la pénombre, je comprend que Vita nous a forçé la main, il a mis exprès à découvert 2 hommes pour que nous soyons obligé de faire feu. Il aura beau jeu de dire que c'était notre faute, que nous n'avions pas assez monté cette saloperie de coline assez vite, que nous n'avons pas prévenu assez vite, que nous avons pris les mauvaises décisions. Il nous tient. Mais il ne dira rien car je le tiens aussi. c'est un jeu à somme nulle. I

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13 septembre 2007 4 13 /09 /septembre /2007 16:46

Bordeaux - mercredi 12 septembre 207 

   Depuis deux jours, je traine mon angoisse. Pourtant, ma dernière séance de psy a été miraculeuse : un gouffre de découverte et d'aventure s'est ouvert sous mes pieds, je suis à l'orée d'une vallée inconnue et je m'y avance avec autant de crainte que d'espoir, une main ouverte en signe de paix et un poing fermé pour me défendre.

  Mes échanges téléphoniques avec Fred sont maintenant plus "nerveux", plus secs, moins sensuels, nous sommes visiblement touchés tous les deux par cette histoire. Je ne sais pas si la cassure va se ressouder, je me sens très fragile qu'elle m'ait "abandonné" pour un autre homme, Fred aussi certainement doit être touchée de mon manque de confiance. De toute façon, quelque chose se passe en ce moment entre nous, nous sommes moins insouciants, il y a des petits mais éloquents moments de silence. j'ai tellement peur d'avoir été cassé dans mon élan vers son amour...

  Moi qui ai tellement de mal à communiquer avec autrui au point de ne jamais appeler mes amis ou ma famille juste pour le plaisir, je finis par prendre mon téléphone pour avoir celui que je considère comme un véritable ami, même plus, comme quelqu'un de ma famille. C'est, attention il faut suivre, le mari de la cousine de ma femme. Nous nous sommes connus il y a maintenant quinze ans et nous sommes bien entendus de suite. Malgré nos différences de comportement, nous avons une même vision de la vie, les mêmes valeurs. J'ai le plus grand respect pour lui, je lui trouve comme unique défaut - mais c'est aussi une qualité - d'être entier et sans détour. Bref, c'est un homme droit, c'est un gars bien. Comme moi, il a un passé militaire qui renforce notre complicité.

  Je lui explique donc la situation, il m'écoute longuement puis il me rassure un peu comme l'a fait ma psy en m'expliquant que je devais absolument dire ce que je ressentais et ce que je pensais à Fred et voir sa réaction, qu'elle devait m'accepter comme ça pour l'instant, que l'important était d'en parler pour mieux se comprendre et évoluer. Puis il me rappelle qu'il sera toujours à l'écoute pour moi, que je peux compter sur lui. Puis il me rappelle que lui aussi a traversé des moments difficiles et qu'aujourd'hui par exemple, il prend encore un léger traitement anti-dépresseur et que je ne peux pas imaginer le nombre de personnes qui en prennent.  
  Ces quelques mots me font chaud au cœur, savoir que je compte pour un homme comme lui me redonne un tout petit peu d'estime de moi : s'il fait attention à moi, c'est peut-être que je ne suis pas si nul ? Du coup, je transpose cette idée sur l'amour que Fred me porte et j'arrive presque à me dire que je mérite qu'elle m'aime ?
Ensoirée, après mon sport, j'ai Fred au téléphone, je me sens un peu mieux car ses paroles sont sincères et rassurantes ; mais je reste pourtant méfiant : est-elle fiable ? Puis-je compter sur elle ? sincère certainement, fiable évidemment même si je trouve ce terme mal fichu pour évoquer cette incroyable femme...

  Je rentre chez moi, je commence à accepter ce qui s'est passé, je commence à croire de nouveau en Fred, je la sais sincère... puis la soirée passe, je vais me coucher, je m'endors et je rêve... je rêve...

.../...

  Je suis à un séminaire, assis au 1er rang d'une grande salle comme il y en a tant dans les hôtels, environ 200 personnes sont présentes. Au bout d’un moment, je regarde de gauche et de droite et me rends compte que Fred n’est pas là. Je sors de la salle et la cherche. Quand je reviens à ma place, il y a un vieil homme assis ma droite qui dort, penché pour moitié sur ma place. Je dois le repousser un peu pour m’asseoir mais petit à petit il bascule de nouveau sur moi et sa tête finit par se poser sur mon épaule. Je suis gêné mais je le laisse s'épauler sur moi.


  Quelques instants après, une femme brune aux cheveux longs et bouclés me prévient que Fred est dans un salon à coté. Je regarde vers la gauche et je vois effectivement, dans l'entrebâillement d'une porte, une sorte de piano-bar d'où s'échappent quelques notes de musique ; je suis attiré par cet endroit qui a l'air agréable, vivant... Il me semble effectivement la voir mais je n'ai pas mes lunettes et ma vision est un peu trouble.

  Comme je ne suis pas sur que ce soit elle, je reste indécis sur ma chaise mais la femme brune me propose de m'y emmener et j'acquiesce. En arrivant sur place, elle me propose de m'asseoir près de l'entrée sur quelques poufs qui sont regroupés autour d'une table basse. Je refuse car j'ai l'impression que cet endroit est en vérité un espace réservé pour les enfants, elle insiste et s'active en prenant les poufs pour les disposer de façon différente autour de la table basse. Je me sens de plus en plus mal à l'aise car le comportement de cette femme brune me semble ridicule et en contradiction avec l'aspect "sélect" de l'endroit, d'autant plus que je vois du coin de l'œil Fred m'observer les sourcils froncés, assise plus loin avec une amie.
  
  Je finis quand même par m'asseoir, un peu irrité de m'être fait remarquer de si mauvaise manière, quand Fred se lève, se pose devant moi et me demande ce que je fais, mains sur les hanches puis sans attendre ma réponse, elle fait demi-tour et s'en va. Je la suis et la rattrape dehors, je l'agrippe par le coude, elle s'arrête, me regarde et me dit une phrase que je comprends à moitié "si tu veux qu'on se voit, tu n'a qu'à prendre rendez-vous par le livret ... (quelque chose ?)".... Elle fait demi-tour et me plante seul dans le hall, je la cherche mais ne la trouve plus, j'ai beau arpenter l'intérieur et l'extérieur de l'hôtel, rien n'y fait. Je retourne dans le hall, elle est introuvable. Je me retrouve seul au milieu d'inconnus qui entrent et sortent, je suis totalement déstabilisé de son départ, je ne sais pas vers qui me tourner, je perds pied...

Je me réveille en sursaut. Nom de D..., quel rêve !
En une seconde, je rentre dans un état de nervosité extrême puis dans une rage folle, ma femme me demande ce que j'ai, j'explique simplement que j'ai fait un cauchemar. Mais ma fureur est totale, ma femme le sent et s'inquiète, je lui dis de me laisser tranquille ; ma fureur se transforme en quelques minutes en angoisse insondable, je sens venir mes larmes et je pleure plusieurs minutes sans pouvoir me retenir. Il me faut presque une heure pour me calmer, me ressaisir et partir au travail.
Dans la  journée, je repense à mon rêve et la brutalité de ma réaction ; comme si pendant un instant, mon inconscient avait percé le voile tenu de la réalité et sa violence s'était répandu comme une horde folle dans mon conscient pour se fracasser avec violence contre lui.
J'en attends donc avec d'autant plus d'impatience mon rendez-vous de ce soir chez le psy. En attendant, j'ai une telle boule d'angoisse au ventre que je téléphone à mon cousin pour connaitre le nom de son traitement antidépresseur et demander ainsi à mon médecin si je peux le prendre. J'en ai besoin !


jeudi 14 septembre 2007

--- --- Intermède psy --- --- :

A peine installé sur mon désormais familier fauteuil, je sors mon rêve d'un trait et les sentiments qui ont suivi. Elle m'écoute sagement, assise en face de moi sur un fauteuil identique, prenant quelques notes ou m'interrompant un bref instant pour me faire répéter ou me demander une précision.

Puis je m'arrête de parler sur un "voilà, c'est tout" et je la regarde avec un petit geste qui semble dire "et vous, vous en pensez quoi ?". elle fronce un peu les sourcils en hochant un peu la tête :

  - Je crois, mais je peux me tromper, qu'il y a des images qui sont claires et si vous le voulez bine, nous allons essayer de comprendre. Le vieil homme à coté de vous, c'est votre père. Il se repose sur vous, vous semblez le trouver encombrant mais vous acceptez. Vous acceptez en fait sa mort, tout simplement. Sa tête posée sur vous est révélatrice de la façon dont vous vous appropriez cette mort : vous acceptez mais c'est encore un poids, une peine qui pèse sur vos épaules. Et surtout, quand vous demandez à cet homme de se remettre droit, il ne réagit pas, il ne peut rien pour vous.

  Touché. Tout parait si simple quand elle explique, elle fait en sorte que je regarde au lieu de voir, que je passe d'une simple vision à une compréhension.

  - Quand à la femme brune, elle pourrait être votre femme. D'abord elle dirige, elle prend la décision de vous montrer où est Fred. C'est bien le comportement d'elle que vous m'avez déjà décrit : une femme qui prend les décisions. Vous n'arrivez pas à trouver Fred donc c'est votre femme qui pallie à votre manque. Deuxièmement, vous vous sentez vexé qu'elle s'occupe de vous comme un enfant dans ce piano-bar, c'est encore ce que vous lui reprocher qui ressort : elle prend les décisions et du coup, vous ne pouvez pas grandir face à elle, elle vous laisse à un état enfant que vous ne supportez plus. Mais elle aussi, elle ne peut rien pour vous, elle ne vous aide pas en réalité, elle fait juste ce qu'elle veut sans vous laisser le choix.

  Encore... je commence à comprendre comment les pièces se mettent en place. J'en suis plutôt satisfait mais une petite musique désagréable se joue en arrière-plan, lancinante, moqueuse, méchante, je ne trouve pas encore ce qui me dérange dans ses explications.

  - Quand à Fred, c'est bien Fred. Elle est dans le rôle que vous lui donnez ; indépendante dans ce piano-bar, elle n'hésite pas à vous bousculer en vous apostrophant devant votre femme puis à partir. Elle est telle que vous me la décrivez. Vous la cherchez mais sans la retrouver, elle vous quitte et c'est quelque chose dont vus avez terriblement peur... Encore une fois, elle non plus ne peut rien pour vous.

Cette femme est imparable dans son explication. Sa petite voix chantante m'explique chaque détail mais avec la précision d'un scalpel qui lacère encore et encore ma peau. Je me sens de plus en plus mal, non... de plus en plus en colère sans comprendre pourquoi ; comme si au milieu de toutes ses phrases précises, elle me cachait une autre idée, lus forte, une clé qui expliquerait tout et donnerait le sens caché.

  - Vous voyez, toutes ces personnes de votre rêve, votre père, votre femme, Fred, elles sont là, font partie de votre histoire mais aucune d'elles ne peut vous aider. Vous êtes seul, tout seul. Vous êtes dans une solitude telle que personne ne peut vous aider. Personne ne peut rien pour vous car votre solitude est immense, tellement immense que vous n'arrivez même plus à espérer quoi que ce soit... Elle attend quelques secondes avant de répéter : votre solitude est tellement immense...

En l'écoutant, mon sang se glace. Je ressens de tels accents de compassion dans sa voix que je crois qu'elle est en train de me dire qu'elle non plus ne peut rien pour moi. Je panique complètement :

  - Vous... vous non plus, vous ne pouvez rien pour moi ? Je suis tellement loin dans ma solitude que...
  - Non, me répond-elle. Au contraire, c'est mon travail de vous aider à trouver votre chemin, à trouver les bonnes clés qui vous feront prendre les décisions que vous souhaitez, à vous accepter, à accepter l'homme que vous êtes, et encore plus à accepter ce que vous avez vécu, ce que vous avez fait, ce que vous êtes.

  Son explication me fait revenir du bord du gouffre, si elle aussi ne pouvait rien pour moi, c'était que mon cas était trop grave, qu'elle allait me dire qu'on ne pouvait pas continuer ensemble ce travail, que ce n'était pas à sa portée. Je me raccroche à ses dernières phrases comme un naufragé à sa planche de salut.

  La séance est finie. Je repars avec ce petit espoir qu'elle m'a laissé : je ne suis pas tout seul, je peux m'en sortir. Je n'en demande pas plus.

  Je réussis à passer un appel à Fred : elle va bien et je lui dis que je vais mal. Elle comprend ma situation et ses paroles, comme celles de ma psy, sont pleines d'espoir. Fred a cette incroyable capacité à lire en moi comme un livre ouvert, elle sait comment je réagis et pourquoi. Elle me dit que ce n'est pas très difficile mais je reste bluffé.

  En rentrant chez moi, je me pose encore la question de savoir ce qu'elle me trouve alors que je ne suis qu'un homme qui se noie sous le poids des problèmes et des drames sans savoir comment lutter alors qu'elle affronte ses propres problèmes la tête haute et qu'elle souffre certainement aussi, mais elle accepte cette vie les mains ouvertes dans la croyance confiante de jours meilleurs.

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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 08:29

Désert tchadien - août 83

  Yvon revient, lorgnant mon quart où fume un déca' – un vrai café me rend vraiment irritable – pour juger de mon degré d'éveil et entamer une discussion. Satisfait de l'enquête, il pose sa boite de ration sur la table, au milieu de son brelage, s'assoit sur le tabouret voisin et attaque :
  - Tu veux une chocolatine ou un quatre quarts ?
Il se rend compte que la question est encore trop complexe pour moi et décide bravement de me filer un de ses pains au chocolat.

  Une ½ heure et un pain au chocolat plus tard, repu et équipé de ma tenue TAM, mon fusil d'assaut en bandoulière, canon pointé à terre et chargeur engagé, je sors avec Yvon pour notre quotidienne et matinale promenade digestive. Il n'est que sept heures du mat' mais déjà le soleil tchadien commence à bouffer l'horizon de sable et nous délivre un message clair : "planquez-vous, j'arrive !".
On croise les autres sections de la compagnie qui finissent leur footing. Nous, on s'en fout, notre groupe part en patrouille tout à l'heure.
  Vita s'arrange cette fois-ci pour croiser notre route et nous lance un rappel " rassemblement 07h30 ("... à zéro sept zéro zéro..."), alors trainez pas… " et nous répondons d'un "…firmatif, mon lieutenant !" et tout va bien, Vita à fait pêter son grade, nous, on a joué le jeu et il s'en va presque en courant, soulagé de notre bonne volonté. Il a juste croisé mon regard pendant un instant et a lu mon mépris envers lui.

  Nous arrivons tranquillement vers nos véhicules, à la lisière du camp. Yvon en profite pour fumer une goldo, la quatrième depuis son réveil. Arrivant du village, je vois se dessiner la silhouette de Goya, notre contact
tchadien, qui revient de sa 1ere prière faite avec les villageois du bordj. Il nous a vu et vient à notre rencontre, sans se presser. Il s'arrête devant nous et descend la partie de son cheiche qui lui recouvrait le bas du visage, dévoilant un peu plus des cicatrices sur ses joues, un visage grêlé. Son regard en amande, d'une beauté certaine, et des dents plus blanches que la neige contrastent avec cette tête ravagée. Comme tous les militaires tchadiens, son équipement est une vraie liste à la Prévert : treillis dépareillé, vieux pantalon guépard francais, veste camo désert américaine, brelage chinois et fusil d'assaut AK74, version chinoise aussi me semble t'il.

  - Salam alekhoum ! Salut, les guerriers, on va faire la chasse, aujourd'hui ? Yvon rigole et lui répond :
  - Alekoum salam, Goya, le bien avec toi. Il effleure la paume de la main que nous tend le tchadien, à la façon des nomades. T'as tout compris, Goya ! on essaiera de trouver une gazelle à tirer pendant la patrouille et tu pourras faire un bon repas pour le village.

  C'est notre petite tradition, à chaque sortie, on essaie de shooter une bestiole pour la ramener au village proche, ça entretient les bonnes relations.
  - Le vieux, il te propose le thé, me dit Goya.
  - C'est trop juste ce matin, Goya, on doit partir maintenant. Mais à notre retour, on viendra le prendre avec lui et on apportera quelques rations.
  - Alors allons nous préparer, les guerriers ! Goya rigole en nous disant cela. Pour lui, les patrouilles, c'est l'occasion de se faire de l'argent et des gazelles ! Le transall est arrivé tout à l'heure et si Dieu le veut, il y aura à manger pour tous, et peut-être du matériel pour le village !
  Je souris en entendant celà, le matériel, ça peut être aussi bien un seau pour aller prendre de l'eau au puits, une trousse de soins ou quelques outils...

  La patrouille se rassemble près des véhicules : 1 GMC et un Toyota.  Vita dispose son groupe en cercle aoutour de lui, il a posé la carte par terre, plaquée par des cailloux aux quatre coins.

  Passation des ordres et consignes, vérification des cartes et des fréquences, boussole sortie, check du matériel, vérification des armes, dispatch des fonctions, nous sommes prêts. Cette fois-ci, nous traçons un azimut plein nord sur 150 kilomètres pour faire une cartographie de la région, notre but : repérer les axes probables de passage des forces GUNT et libyennes pour optimiser le temps de réponse de nos forces aériennes. Ce boulot en aparence tranquille est essentiel : sans repérage, une colonne de blindés et toute sa logistique peuvent nous passer sous le nez et nous étriller sévèrement ! Cette phase préventive est donc essentielles mais sensible : une patrouille de notre taille n'a aucune force de frappe face à l'ennemi ; notre mobilité et notre discrétion sont nos seuls atouts.

  Goya monte dans son Toyota et prend le volant : Yvon se met à coté de lui et je monte derrière. Dans le GMC, Vita se cale à coté du conducteur et le reste de notre petite patrouille monte à l'arrière. Nous voyageons léger : 7 hommes et Goya. Le GMG transporte deux bidons d'essence supplémentaires, des cubis d'eau, du matos de rechange pour les véhicules et un poste de tir Milan conditionné dans sa malle de transport pour accrocher un blindé : il faut ça pour tenir deux jours dans le désert.

  Nous quittons le camp. Je m'accroche aux poignées, histoire de ne pas me faire casser la colonne par cette mécanique infernale qui transforme une simple balade en rodéo. Le fait qu'une lame-maitresse du 4x4 soit cassée y est certainement pour quelque chose patrouillemais Goya n'a pas eu le temps de la réparer. J'ai calé mon Famas sur ma poitrine et mon P13 entre mes jambes tandis que le Sony reste précieusement sur ma poitrine, dans une sacoche de mon brelage. Le P13, c'est une grosse radio mili, robuste mais limitée tandis que le Sony est nettement plus performant mais plus fragile, cette double sécurité en matière de communication est une assurance-vie. Mon barda est à terre, entre mes pieds, et petit à petit je me laisse aller à une semi-torpeur, entre le ballotage de la piste et la chaleur qui monte. Yvon a juste un peu tourné la tête pour vérifier que j'allais bien, j'ai parfois un peu la gerbe en voiture, ce qui est un problème pour le boulot !

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