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13 mars 2008 4 13 /03 /mars /2008 12:07

Mercredi 13 mars 2008 – Bordeaux

 

  Alors que je me lève pour entrer dans le bureau de ma psy, j’ai un appel de ma femme en pleurs qui me dit qu’elle ne va pas bien et se sent perdue. Je l’écoute une minute devant le regard attentif de ma rouquine et lui promet de rappeler plus tard.

  Puis ma séance commence.

  Je raconte immédiatement combien je suis presque devenu jaloux de la facilité de Fred à reprendre en main sa nouvelle vie, son mari et leur futur appartement.

 

-          Et vous, vous pensez donc que c’est facile pour elle ? m’interrompt-elle tranquillement.

  Je lui réponds que non bien sur mais je lui trouve cette force à prendre des décisions et s’y tenir alors que j’en suis incapable. Et cette force broie tout sur son passage, dont moi. Ma psy me regarde quelques secondes et m’explique que je découvre peut-être les « mauvais » cotés de Fred après l’avoir si longtemps encensé. Je lui réponds que peut-être.

 

  Je dis en râlant que maintenant, tout ce qui compte pour moi est juste d’apprendre à être heureux, de profiter des petits plaisirs du quotidien comme elle sait le faire quand elle se délecte dans son bain, par exemple ou qu’elle raconte par le menu celui du dernier restaurant où elle est allée. Par contre, je lui raconte ma découverte de la veille au soir : je ne suis plus dépressif malgré que rien ne soit réglé et que je me sente toujours autant malheureux ! Elle m’explique que c’est possible, que je ressens des émotions que je réprimais tellement j’étais écrasé par le poids de toutes mes douleurs, donc que je me sens en vie !

  Mais pendant qu’elle me parle Fred aussi m’appelle, je décroche et j’ai à peine le temps de lui expliquer où je suis qu’elle me raccroche presque au nez en me disant « ok, à plus tard ! ». Je l’explique à mon psy et lui disant que je m’en fiche car c’est comme une petite victoire que ce soit elle qui m’ait appelé, j’en suis presque content et ça la fait même rire !

 

  Puis je lui reparle du fait que je « dois » un enfant à ma femme et que j’en ai parlé à Fred.

-          Comment l’a-t-elle pris ?

-          Mal, visiblement.

-          Et votre femme, comment se comporte t’elle avec vous ?

-          Difficile à dire, elle est très… passive, si je puis dire. Nous ne communiquons pas vraiment et presque tout m’irrite chez elle maintenant, lui dis-je dans un souffle.

 

  Je détaille par exemple notre appartement dans lequel je me sens un étranger, non pas à cause de notre situation, mais celle de la décoration que ma femme s’est mise en tête de faire : que des teintes blanc cassé, beige ou marron, aucune couleur vive, aucune vie. Et des babioles qui s’entassent : ce n’est plus ma maison, c’est une maison de poupée.

 

  La psy me reprend à ce moment : "pas de vie, vous dites ?" Et elle me donne une de ses fameuses explications dont elle à le secret d’où il ressort que maintenant pour moi, la couleur c’est la vie, le monochrome c’est la mort. L’explication de ces associations me parle bien, j’y trouve une certaine vérité qui reflète bien mes idées du moment. Puis elle m’encourage encore à lui dire ce que je veux pour moi.

 

  A la sortie du psy, j’envoie un petit SMS à Fred puis je téléphone à Sylvie ; j’essaie de lui redonner les explications de ma psy, de mes envies de profiter du quotidien, de petits restos, de ne pas faire une montagne de confier Lucas un soir à ses parents pour aller se faire un ciné, de savoir faire des choses chacun de son coté. Elle me répond qu’elle ne sait pas comment réagir à ça et je ne peux que lui répondre d’être naturelle.

 

  J’ai aussi Fred dans l’après-midi au téléphone et lui explique ma séance. Je lui dis mieux accepter notre séparation même si je souffre le martyr et elle me répond qu’elle comprend.

 

  Plus tard elle me rappelle et me fait la leçon en me disant que je ne suis jamais au bureau pour lui répondre. Je laisse passer l’orage. Elle me dit qu’elle m’aime mais elle aime aussi son mari, qu’on peut aimer deux personnes mais n’avoir du désir que pour une ; que ce sera donc un peu dur pour moi (tu parles, la mort, oui !) pendant quelques temps. C’et à la fois énervant et rassurant.


  Je lui demande ensuite son ressenti quand j'ai dit "je dois un enfant à ma femme " et me répond que c'est extrêmement dur à entendre. J’explique que ma perception de la vie est un peu différente du lot commun aujourd'hui après ce que nous avons vécu, elle comprend mais me dit aussi que l'enfant, ca doit être pour moi, parce que j’en ai envie, pas uniquement pour Sylvie.

  Mais pour finir, elle m’irrite un peu en m’expliquant tout à trac que les cuisines qu’elle est allé voir avec son mari sont « un peu plus chères » que ce qu’elle pensait. Et elle clôt la conversation en moins de quatre secondes : « ah, je suis arrivé ! Je t’embrasse ! Bonne soirée ! ». Même pas le temps de lui répondre !

 

  Je déteste quand elle fait ça ! Elle est peut-être arrivée quelque part mais pas moi : j’étais en train de discuter avec elle, nom de Dieu ! J’ai pris le temps qu’il fallait, moi !

  Bon, de toute façon, elle est peut-être arrivée parce que je la sens tellement loin de moi maintenant, toute entière tournée à refaire sa vie et son appartement, elle sera active et sensuelle, heureuse de ces tous petits riens de la vie, excitante ou pudique, chatoyante ou renfermée, mais elle avancera.

 

Alors que moi, je suis complètement perdu avec Sylvie et que je me sens vieux et moche.

 

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