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21 septembre 2007 5 21 /09 /septembre /2007 21:10

  Avec Fred, c'est devenu un gimmick. Avant de nous voir pour une formation ou une demi-journée volée sur notre travail, nous avons de longues discussions sur ce que nous ferons, les endroits à visiter, la façon dont nous voulons nous retrouver, nos envies de nouveaux jeux sexuels... Et puis à chaque fois, rien ne se passe comme prévu, toute notre belle organisation est bouleversée ; nous réinventons nos retrouvailles, nos désirs, nos choix, notre connaissance de l'autre.

  Le réveil à l'Etap-hôtel se fait plutôt joyeusement, nous sommes en forme et nous avons devant nous une longue journée de vacances.

  Mon portable sonne. Je ne reconnais pas le numéro et je décroche. C'est mon collègue de travail, il m'explique que le centre de formation l'a contacté car ma femme les a eu au téléphone ce matin et ils n'ont pas trop su quoi dire. Je le remercie et j'appelle de suite le centre. L'hôtesse d'accueil me répond. Elle nous connait bien, Fred et moi, et pose sur nous un regard complice. Sa voix est un peu stressée au téléphone et de suite, je suis en alerte.

  - Qu'est-ce qu'il y a ?
  - Ecoute, Zach, dit-elle de sa voix chantante, je suis désolé de t'ennuyer avec ça mais ta femme à téléphoné chez nous et elle a demandé à te parler. Alors, tu sais, on n'a pas le droit de dire exactement ce que font les gens chez nous et on a dit que l'on pouvait prendre un message. Mais au début, une collègue a quand même répondu que ta formation finissait hier soir. Mais quand j'ai entendu ça, j'ai pris l'appel et c'est moi qui lui ai dit qu'elle pouvait laisser un message et que tu étais peut-être sur un autre site...

  En entendant cela, mon coeur se glace. Ma femme ne doit pas savoir maintenant, c'est trop tôt pour elle, trop de choses ne sont pas réglées...
Je la remercie pour ce qu'elle a fait, je m'excuse de l'avoir mis dans une situation si compliquée. Elle comprend et me dit que ce n'est pas grave.

  J'explique ensuite à Fred la situation, elle est aussi ennuyée que moi : nous ne voulons pas que nos conjoints apprennent quoi que ce soit pour l'instant.

  Je sors de la chambre pour téléphoner. Ma femme me répond en pleurs, elle m'explique qu'elle a téléphoné à l'hôtel, qu'on lui a dit que j'étais parti la veille, puis que le centre de formation lui a dit la même chose mais qu'ensuite ils ont dit qu'elle pouvait laisser un message... Elle ne comprend pas, elle me demande ce qui se passe, si je suis toujours en formation. Je la laisse parler, puis, petit à petit, je reprend la conversation, j'explique que je suis aujourd'hui sur une autre formation pour la journée avec un autre établissement. La conversation est difficile, laborieuse, ma femme finit quand même par se calmer. Je la rassure encore un temps puis je raccroche.

  Je retourne voir Fred, elle est triste de cette complication, me rassure, me dit que je me suis bien débrouillé. Je met de longues minutes à me calmer et nous finissons, Fred et moi par prendre tranquillement notre petit déjeuner à la terrasse de l'hôtel.

  A travers cette alerte, je comprend mieux ce que j'ai laissé faire pendant tant d'années : j'ai bêtement laissé ma femme prendre aussi le rôle d'une mère puisque j'ai souvent eu un comprtement d'enfant. Tous ces appels matin et soir dans ma chambre, même si elle ne charche pas à me pister, ce sont des appels d'une mère à son enfant. Bien sur, les autres collègues recoivent aussi des appels de leurs conjoints, de leur faille mais ce n'est pas le même état d'esprit. Et ça change tout.

  Les exemples m'arrivent naturellement en tête : je ne sais même pas exactement combien je gagne et je laisse ma femme s'en occuper, je ne sais même pas exactement quel est le le montant mensuel de notre crédit immobilier.
  Je n'avais pas de portable car je n'aimais pas téléphoner, mais je n'aimais pas téléphoner car je ne savais pas qui appeler, je ne savais pas qui appeler car j'avais trop peur de faire de la peine à ma femme en ayant une amitié qui me ferait sortir de temps en temps du cercle familial.
  Je n'avais pas de carte bleue soi-disant pour économiser le cout annuel mais en réalité je ne voulais même pas m'acheter quelque chose sans son approbation pour éviter d'éventuels reproches (qu'elle n'aurait pas fait, peut-être).
  J'en étais quand même venu à quémander de temps en temps à ma femme un peu d'argent ; je demandais 50 euros et elle me répondait "pourquoi 50 ?", je devais ensuite négocier à 20 euros le prix de ma captivité volontaire et attendre plusieurs jours mon dû car elle me répondait invariablement "bon, je verrais quand j'aurais un peu de temps !"...

  Il me revient en tête une histoire que j'avais lu enfant; peut-être Bambi, ou dans ce genre.

  A la fin de l'hiver, un cerf amaigri par les privations sort du bois pour se repaitre des premières pousses. Un congénère le rejoint, son poil est brillant, il est en forme. Il dit au premier qu'il vit chez les hommes, qu'ils le nourissent bien, qu'il est heureux.
Le cerf sauvage demande alors quelle est cette petite trace autour de son cou qui à décoloré et aplati son pelage.
  Son congénère lui répond que c'est simplement la trace du collier que les hommes lui mettent.

  Voilà, je ne suis pas malheureux, j'aurais pu continuer ma vie avec une femme qui m'aime, qui est douce, gentille, responsable. Mais quelque chose ne va pas : pour elle, le vie de famille, c'est la famille et pas vraiment le couple et encore moins le "je". Et j'ai doucement laissé s'installer ce mode de vie où le "je" est absent et le couple pas assez présent. Un équilibre n'a pas été trouvé au cours de ces années et j'ai confondu la tranquilité et l'amour car j'avais peut-être besoin de ça à l'époque. Mais j'avais peut-être encore plus besoin que ma femme ne soit pas si maternante, qu'elle exprime plus ses envies de femme.

  Aujourd'hui, je m'aperçois qu'elle était dans son rôle et qu'elle ne devrait pas changer. Par contre, je n'étais pas dans le mien et c'est moi qui change.

  Je me suis menti à moi-même si longtemps qu' aujourd'hui je dois faire mourir celui que je n'étais pas, je dois faire mourir un amour qui ne reposait pas sur les bonnes bases.

  Voià. Mentir, c'est mourir un peu.

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commentaires

L
"mentir c'est mourir un peu" voilà une phrase à méditer...pour ce qui me concerne c'est même plus ! aujourd"hui j'ai surtout envie de voler un peu de ton énergie pour moi même, désolé pour ce vol.....<br /> à bientôt
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