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21 septembre 2007 5 21 /09 /septembre /2007 21:15

Aix en provence, plus tard en matinée...


  Nous prenons la route et nous avons rapidement quelques fous-rires sur la direction à prendre : Bord de mer ? Petit village de Provence ? Rester sur Aix ? N'importe où ? Nous finissons par choisir une direction : ce sera Cassis.

  Arrivés sur place, nous découvrons un petit coin de paradis : un marché qui nous embaume avec des odeurs mélangées de fruits, de légumes, de fleurs et de charcuterie, des boutiques à touristes que l'on visite quand même, des ruelles de village fleuries.

Au bord de la plage, nous nous asseyons contre un petit muret et goûtons la joie simple d'être ensemble. Puis nous déambulons longuement à la recherche d'un restaurant. Plusieurs nous attirent et nous discutons longuement sur le menu offert, sur le style de la terrasse, sur l'ambiance qui en ressort. Après un aller-retour sur les quais, nous nous décidons pour cette jolie terrasse près d'une fontaine ; Fred me fait découvrir un succulent gaspacho, puis nous continuons avec une tapenade et attaquons ensuite des moule-frites.

  L'ambiance, le repas font que nous vivons à cet instant un nouveau moment d'exception, nous sommes ensemble, à la fois différents et semblables, rien ne compte que cette satisfaction profonde, intense, libératrice de nous être rencontrés, de vivre une nouvelle vie, une nouvelle aventure, de savourer tout ce que l'autre peut nous apporter.

  Puis nous continuons notre ballade dans les magasins, Fred pousse des "Ah" de plaisir quand elle découvre un objet qui lui plait. Je découvre doucement que j'apprécie des styles proches de ceux qu'elle aime : les couleurs, les formes, les concepts, les produits sobres et vrais, avec de belles touches de couleur... Je ne jurais avant que par les vieux meubles en bois, les teintes beiges, les objets patinés par le temps et maintenant je découvre qu'une simple boite en métal très colorée avec des dessins naïfs et marquée "MES BONBONS CHIMIQUES !" me fait sourire et me donne envie de l'acheter pour apporter une touche de gaité et de couleur dans une maison.

  L'après-midi se passe ainsi, entre flânerie main dans la main, énormes glaces et repos sur des bancs publics à l'ombre des pins parasol. Je goute chaque regard que Fred me lance, chaque fois que sa main prend la mienne, chaque fois qu'elle m'embrasse, chaque fois que je sens son corps contre le mien.

  Nous rejoignons la voiture et reprenons notre route, parfaitement heureux de notre journée.

  Après une demi-heure, le portable de Fred commence à sonner, elle sait que c'est son mari et dit qu'elle n'a pas envie de décrocher. Il rappelle. Je vois Fred qui commence à devenir silencieuse, à se renfermer et je sens le stress qui monte en elle. A son troisième appel, Fred décroche quand même et met le haut-parleur : je découvre ainsi la voix de cet autre homme. Ses propos et son ton me laissent rapidement interrogatifs : pas une seule intonation au-dessus de l'autre, aucune émotion, de nombreux moments de silence, des questions très fermées qui ne laissent pas de place à la discussion, des propositions qui alternent le chaud et le froid. Je commence à comprendre le stress de Fred ; comment résister à cet interrogatoire en règle où l'on se sent perpétuellement en faute et sur la défensive ? Il sait faire naitre un grand sentiment de culpabilité chez Fred quand il parle de leur enfant, il sait distiller le doute quand il parle des dommages collatéraux créés par leur séparation.

  Mais pour la première fois, Fred réussit à garder le contrôle de ses émotions, je lui suggère au creux de l'oreille quelques réponses pour recadrer sur les sujets essentiels. Elle réussit à clore la conversation mais il rappelle encore deux fois avant de raccrocher une dernière fois.

  Fred à maintenant des sentiments mitigés entre contentement d'avoir gardé le contrôle et stress de ces arguties interminables. Elle me dit que cette fois-ci, elle doit lui dire franchement que c'est fini, qu'elle ne reviendra pas, que ce n'est plus tenable.

  Je l'écoute et j'essaie petit à petit de la dérider.

  - ... tiens, une bonne méthode, tu mets la musique à fond et tu hurles un bon coup ! Ou alors, tu cries de touts tes forces : allez tous vous faire foutre !
  Enfin, elle rit un peu !

  Le trajet prend fin. Je dois descendre une gare avant pour récupérer mon train. A la terrasse la plus proche, nous sommes maintenant un peu tristes de se quitter après cette journée hors du temps. Fred me dit qu'elle n'a jamais aimé quelqu'un comme moi, qu'elle veut faire sa vie avec moi. Et encore une fois, je m'émerveille d'avoir pris le cœur de cette surprenante et troublante beauté, moi le petit homme timide bien qu'elle ait pris le mien d'un seul de ses regards lumineux où se reflètent si bien toutes les couleurs de la vie.

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commentaires

K
te lire me fais du bien, étrange non ?!<br /> au travers de tes textes ont sent tout l'amour que tu ressent pour elle, et je dois dire que c'est....je ne trouve pas le mot exact, mais une émotion intense me traverse lorsque je te lit.<br /> a bientôt
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